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04/04/2017

William Somerset Maugham : Le Grand écrivain

somerset maugham, William Somerset Maugham, né à Paris en 1874 et mort à Saint-Jean-Cap-Ferrat en 1965, est un romancier, nouvelliste et dramaturge britannique. L’enfant grandit au cœur de Paris, dans un monde de bourgeois fortunés et cosmopolites. Le salon familial accueille écrivains et peintres, l'appartement est riche en livres et objets d'art. Mais à huit ans, sa mère meurt suivie deux plus tard par son père. Bien que ne parlant que français, il est recueilli par un oncle paternel, vicaire anglican d’un petit port du Kent dans le sud de l’Angleterre. En 1892, il entreprend des études de médecine. En 1895, âgé de vingt et un ans, vivant à Londres et y étudiant la médecine, il voit Oscar Wilde, qu’il admire. Celui-ci vient de rencontrer le succès mais il doit affronter le scandale public de ses relations homosexuelles. Dès lors, Maugham décide de vivre sa vie affective de bisexuel hors de ce pays trop rigoureux pour sa quête de liberté. Pendant sa longue carrière d'écrivain débutée en 1897, Maugham publie des comédies, des romans psychologiques, des récits d'espionnage et plus de cent nouvelles.

Le Grand écrivain, paru en 1930, existe aussi sous le titre La Ronde de l’amour (titre original : Cakes and Ale, or the skeleton in the cupboard)

Alroy Kear, est chargé par Amy, la seconde femme d’Edward Driffield, écrivain ayant connu la consécration sur le tard, d’écrire sa biographie. La tâche n’est pas sans embuches car pour Kear c’est le moyen de relancer sa propre carrière mais il va devoir jongler entre le politiquement correct tel que le conçoit Amy et la réalité et les rumeurs scandaleuses attachées à la vie du défunt du temps de sa première épouse, Rosie. Si Alroy Kear connaissait Driffield, William Ashenden, écrivain lui aussi, le connaissait mieux encore, il va tenter de lui soutirer des anecdotes pour étayer son texte.

Si vous aimez les romans anglais : les traditions séculaires avec leurs clubs snobinards, l’heure du thé pris dans des salons où règnent bois et cuir, les différences de classe affichées, la sauvegarde des apparences etc. vous aimerez ce roman. D’autant plus si je rajoute qu’un mouton noir vient corser l’affaire, en l’occurrence une brebis, Rosie, jeune femme d’origine modeste, aimant la vie par-dessus tout, n’ayant que faire des conventions elle ne pense qu’à répandre le bonheur et le plaisir autour d’elle avec l’accord tacite de son époux.

William Ashenden est le narrateur de ce roman qui court sur une trentaine d’années. Lui seul connait la vérité sur la vie d’Edward Driffield et mieux encore celle de Rosie ; ses souvenirs lui reviennent en mémoire et par une habile mise en abîme font la biographie que n’écrit pas Alroy Kear. Le bouquin traite d’une histoire d’amour, où une femme jeune et libre, trop moderne pour son époque, se confronte avec la bienséance et les convenances, les ragots et le qu’en-dira-t-on d’une petite ville de province. Tous les personnages étant peu ou prou écrivains, Somerset Maugham en profite pour brocarder un milieu qu’il ne connait que trop bien.

Un délicieux roman, extrêmement agréable à lire.

 

« … je me mis à réfléchir sur la destinée de l’homme de lettres qui n’est qu’une longue suite d’épreuves. D’abord il faut supporter la pauvreté et l’indifférence ; puis, si le succès vient, subir les caprices d’un public inconstant. Vous êtes à la merci de chacun. Ce sont les interviews des journalistes, les exigences des photographes, l’impatience des éditeurs qui vous réclament de la copie, l’avidité d’un fisc insatiable. Ce sont les grandes dames avec leurs déjeuners, les secrétaires de sociétés qui vous sollicitent pour des conférences, les femmes qui veulent vous épouser, la vôtre qui demande le divorce. (…) Mais le forçat de la plume a du moins une compensation. Toute émotion qu’il éprouve, tout choc moral qu’il ressent, chagrin de la mort d’un ami, amour malheureux, blessure d’amour-propre, trahison d’un ingrat : il lui suffit d’en faire le sujet d’un roman ou d’une nouvelle pour s’en libérer. Au fond, l’homme de lettre est le seul homme indépendant. »

 

somerset maugham, William Somerset Maugham  Le Grand écrivain  La Petite Vermillon – 266 pages –

Traduit de l’anglais par E.-R. Blanchet